Au lendemain de la loi Duplomb, les Rencontres Biodiversité & Territoires rappellent l’urgence de la transition agricole
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Au lendemain de la loi Duplomb, les Rencontres Biodiversité & Territoires rappellent l’urgence de la transition agricole
Dans un contexte particulièrement tendu pour l’environnement français, marqué par l’adoption controversée de la loi Duplomb qui autorise notamment la réintroduction de pesticides interdits, nous avons participé aux Rencontres Biodiversité & Territoires organisées par l’Office Français de la Biodiversité. Ces deux journées ont été l’occasion de rappeler que des solutions existent pour concilier production agricole et préservation de la biodiversité.
L’agriculture biologique, pilier de la santé territoriale
Les chiffres présentés lors de l’atelier « Concilier santé publique, préservation de la biodiversité et transition alimentaire » sont édifiants : les grandes agglomérations françaises ne disposent que de 3 jours d’autonomie alimentaire, tandis que le secteur agriculture-alimentation représente entre 30 et 40% du bilan carbone national. Face à ces enjeux, le concept « One Health » présenté par Aurélie Binot du CIRAD prend tout son sens.
Cette approche holistique, qui considère les interactions entre santé humaine, animale et environnementale, trouve une application concrète dans l’agriculture biologique. Antoine Neumann de la ville de Strasbourg, l’a souligné à juste titre « les territoires deviennent les théâtres de la transformation », comme l’illustrent leurs initiatives : le pain 100% bio et local dans les cantines, générant 450 000 euros supplémentaires pour l’économie locale ou encore les ordonnances vertes (actuellement en cours de déploiement dans certains départements de Nouvelle-Aquitaine).
Les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) : une opportunité pour l’agriculture biologique ?
La conférence de Delphine Ducoeurjoly, de la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique), a particulièrement retenu l’attention en présentant les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) comme un levier pour soutenir les fermes bio à l’heure où les politiques nationales l’abandonnent ouvertement.
Les PSE reposent sur cinq conditions fondamentales :
- la liberté d’engagement du fournisseur de service,
- la définition claire d’objectifs environnementaux,
- la conditionnalité des paiements aux résultats,
- l’additionnalité par rapport à l’existant,
- et l’incitativité suffisante.
Ces paiements, qui peuvent être monétaires, matériels ou en nature, ciblent principalement la régulation climatique, la qualité de l’eau et la préservation des habitats naturels.
L’agriculture biologique présente l’avantage de décloisonner ces services rendus grâce à une approche systémique bénéficiant à l’ensemble de ces aspects.
L’agriculture biologique, grande oubliée des financements de transition
Paradoxalement, Delphine a souligné un point de vigilance majeur : les financements publics et privés sont principalement fléchés sur des logiques de transition plutôt que de maintien des bonnes pratiques. Ainsi, les PSE échappent souvent aux agriculteurs biologiques, qui ont déjà adopté des pratiques vertueuses.
Pourtant, l’agriculture biologique présente des atouts indéniables du point de vue des financeurs : des pratiques contrôlées annuellement avec certificat délivré et des agriculteurs qui financent déjà eux-mêmes leurs contrôles, garantissant ainsi la fiabilité des pratiques mises en œuvre.
Des initiatives prometteuses à essaimer
Deux exemples de PSE ambitieux à suivre :
- Les PSE de l’Eau de Paris, explicitement fléchés vers l’agriculture biologique avec des montants pouvant atteindre 450€/ha, ont permis de multiplier par quatre le nombre d’agriculteurs bio sur les aires de captage.
- Les PSE Santé publique de Douaisis Agglo, actuellement en cours de montage, soutiennent les pratiques agricoles bénéfiques pour la santé et l’environnement.
Un enjeu de sécurisation des fermes biologiques
Dans un contexte où la France a perdu 110 000 hectares de surfaces bio en 2023-2024, principalement en grandes cultures, et où les soutiens publics sont en baisse avec la suppression de l’aide au maintien, les PSE représentent une opportunité à condition que la bio ne reste pas sur la touche.
L’enjeu pour demain consiste à sécuriser les agriculteurs qui ont achevé leur transition, pour éviter les retours en arrière et inscrire dans la durée les pratiques vertueuses de ces fermes.
Ces Rencontres Biodiversité & Territoires ont rappelé l’importance de se mobiliser, de s’unir et d’initier des coalitions pour peser davantage dans le débat public alors que les reculs environnementaux de ces derniers mois sont terrifiants.
La FNAB et l’ensemble de notre réseau travaillent activement sur tous les dispositifs permettant de sécuriser les fermes bio, de faire reconnaître les multiples services rendus à la société, de consolider le revenu agricole et de tisser des liens avec de nouveaux acteurs dans les territoires.