En quoi la bio peut changer la donne dans votre commune ?
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À l’heure où les territoires cherchent à concilier transition écologique, attractivité économique et qualité de vie des habitants, l’agriculture biologique offre des réponses concrètes, mesurables et immédiatement mobilisables. Pour les élus et techniciens des collectivités locales, soutenir la Bio n’est pas un luxe : c’est un investissement dans la santé publique, la résilience environnementale et la vitalité économique locale.
Une réponse de santé publique et de prévention
Les pesticides chimiques de synthèse sont aujourd’hui reconnus pour leurs effets sur la santé : cancers, maladies neurologiques, troubles de la fertilité.
Les agriculteurs sont les premiers exposés, mais toute la population est concernée, notamment via l’alimentation et l’eau potable. En 2023, plus d’un quart des Français ont été alimentés par une eau non conforme.
En supprimant totalement l’usage de ces substances, l’agriculture biologique agit en prévention, protégeant la santé des producteurs et des habitants.
Les produits Bio présentent en outre des bénéfices nutritionnels avérés : plus d’antioxydants, d’oméga 3 et de vitamine C, et moins de résidus chimiques. Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommande d’ailleurs de privilégier les produits biologiques, notamment pour les fruits, légumes, légumineuses et féculents complets.
Certaines collectivités vont plus loin. À Strasbourg, la municipalité a mis en place des « ordonnances vertes » : des paniers de légumes Bio distribués à des femmes enceintes pour limiter leur exposition aux perturbateurs endocriniens.
Une initiative exemplaire qui illustre comment la Bio peut devenir un outil local de santé publique et de justice sociale.
Un rempart pour la Biodiversité et le climat
L’agriculture intensive est aujourd’hui l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. En France, les populations d’oiseaux des milieux agricoles ont chuté de 44 % en trente ans, et celles des insectes de 70 à 80 %
À l’inverse, la Bio restaure les équilibres naturels : 23 % d’espèces et 32 % d’individus en plus dans les parcelles conduites en Bio, selon l’INRAE et l’Ifremer
C’est aussi une stratégie climatique gagnante. Sans engrais chimiques, les fermes Bio émettent moins de gaz à effet de serre et stockent davantage de carbone dans leurs sols (+11 à +35 % par rapport aux systèmes conventionnels)
En renforçant la fertilité naturelle et la rétention d’eau, elles deviennent plus résilientes aux sécheresses — un atout crucial pour les territoires déjà affectés par le changement climatique.
Une gestion préventive et durable de la ressource en eau
Un tiers des captages d’eau potable fermés depuis 1980 l’ont été à cause de pollutions par les nitrates ou les pesticides.
Soutenir la conversion à la Bio sur les aires d’alimentation de captage (AAC) est donc un levier direct pour protéger durablement la ressource et maîtriser les coûts de dépollution, estimés à 1 à 1,5 milliard d’euros par an pour les ménages.
En interdisant les engrais azotés de synthèse, l’agriculture biologique réduit les pertes de nitrates de 30 à 60 % par rapport à l’agriculture conventionnelle, tout en favorisant la vie biologique des sols et la filtration naturelle de l’eau.
Les agences de l’eau font désormais de la Bio un axe central de leurs politiques : elles financent la conversion sur les zones de captage prioritaires, les paiements pour services environnementaux (PSE), et les actions d’animation et de conseil auprès des agriculteurs. La PAC 2023-2027 complète ce dispositif à travers les MAEC, que les collectivités peuvent cofinancer.
Ces dispositifs permettent de bâtir des stratégies territoriales intégrées, où développement agricole et protection de la ressource en eau avancent ensemble, dans une logique de prévention plutôt que de dépollution.
Un moteur d’emploi et d’économie locale
Chaque ferme Bio génère 30 % d’emplois supplémentaires par rapport à une ferme conventionnelle, notamment grâce à la transformation à la ferme et à la vente directe
Ces activités dynamisent les circuits courts, les marchés de producteurs et les entreprises artisanales rurales, consolidant le tissu économique de proximité.
La Bio, c’est aussi une source d’attractivité territoriale : de plus en plus de porteurs de projets agricoles non issus du milieu paysan s’y engagent, assurant le renouvellement des générations et la pérennité du tissu rural.
Des économies à long terme pour la collectivité
Selon le rapport L’injuste prix de notre alimentation (2024), le coût des impacts négatifs du système alimentaire français s’élève à 19 milliards d’euros par an, dont 11,7 milliards pour les dépenses de santé publique
Soutenir la Bio, c’est investir dans un système alimentaire préventif, qui réduit ces charges collectives à la source, tout en améliorant la qualité de vie et la cohésion des territoires.
Des politiques locales à fort impact
Les leviers d’action à l’échelle municipale et intercommunale sont nombreux :
- Restauration collective Bio et locale : atteindre les 20 % Bio prévus par la loi EGAlim, ou aller au-delà en contractualisant avec les producteurs locaux.
- Protection de l’eau et des sols : intégrer la Bio dans les contrats de captage et les projets de territoire pour la gestion de l’eau.
- Aménagement et foncier : réserver du foncier communal pour des installations Bio, via des baux ruraux environnementaux.
- Soutien économique : accompagner les filières locales (transformation, logistique, distribution).
- Sensibilisation : faire de la Bio un marqueur de l’identité territoriale — gage de santé, d’emploi et de durabilité.
Un levier concret pour les élus de demain
L’agriculture biologique n’est pas qu’un modèle agricole : c’est une politique publique locale cohérente avec les ambitions de santé, de transition écologique et de justice sociale.
Dans un contexte de crises multiples (climatiques, économiques, sanitaires) elle incarne une voie d’avenir, crédible et fédératrice.
Faire le choix de la Bio, c’est investir dans la qualité de vie de vos habitants et la résilience de votre territoire.
Article rédigé par Julie PEREZ,conseillère territoire et animatrice d’Agrobio Gironde (33)
