Fédération Régionale d’Agriculture Biologique de Nouvelle-Aquitaine

Mettre en œuvre une ordonnance verte dans votre territoire : le mode d’emploi de la Charente

Les « ordonnances vertes » se déploient dans de plus en plus de collectivités. Leur principe est simple : proposer aux femmes enceintes des paniers de produits bio locaux, associés à des ateliers de sensibilisation, pour améliorer leur santé tout en soutenant une agriculture durable. Mais comment concrètement mettre en place ce dispositif ? Retour sur les modalités testées par trois collectivités dans le département de la Charente.

 

Critères d’éligibilité des bénéficiaires

Trois conditions d’accès sont communes à tous les projets en Charente :

  1. Résider sur le territoire concerné
  2. Être enceinte
  3. Participer à deux ateliers obligatoires : un atelier nesting (perturbateurs endocriniens) et un atelier cuisine

Dans les agglomérations de Grand Angoulême et de Grand Cognac, s’ajoute un critère de participation financière modulée selon le quotient familial (QF) afin de garantir l’accès à toutes, des plus précaires aux plus aisées.Un regroupement de 3 communes en Sud Charente a choisi quant à lui une prise en charge à 100% des paniers.

Participations des bénéficiaires selon leur QF

 

Modalités d’inscription

  1. Téléchargement de l’ordonnance verte sur le site de la collectivité
  2. Signature par un professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme)
  3. Envoi à la collectivité avec les justificatifs requis
  4. Inscription au premier atelier, qui peut conditionner l’accès au premier panier
  5. Attribution d’un point de retrait, puis retrait du premier panier (paiement du reste à charge éventuel)

Une fois la bénéficiaire inscrite, celle-ci récupère chaque semaine un panier selon la durée du dispositif établie. Un suivi du nombre de paniers est assuré par les producteurs qui facturent à chaque fin de mois le nombre de paniers distribués à la collectivité.

 

Les ateliers obligatoires : nesting & cuisine

L’atelier nesting est destiné à sensibiliser les femmes enceintes aux perturbateurs endocriniens et à leur impact sur la santé. Ces ateliers sont animés dans plusieurs hôpitaux et cliniques du département ainsi que par des professionnels de santé formés et liés aux dispositifs. Au cours d’un atelier de 2 heures, les bénéficiaires sont sensibilisées à repérer l’ensemble des polluants dans la maison et leur environnement, à comprendre leur impact sur la santé et à trouver des solutions alternatives afin de limiter l’exposition des jeunes enfants.

L’atelier cuisine vise quant à lui à valoriser les produits que les bénéficiaires ont chaque semaine dans leur panier en proposant des recettes simples et rapides à reproduire chez soi. Ces ateliers sont organisés en petits groupes pour favoriser les échanges et la convivialité. Les recettes sont réfléchies à la fois pour l’alimentation des adultes mais prévoient aussi des recettes en vue de la diversification alimentaire de l’enfant ou peuvent encore cibler les besoins de la femme enceinte en post-partum.  Ces ateliers sont animés par des structures locales : Régalade, Esprit Culinaire, Les Jardins d’Isis, L’atelier Traiteur du 16.

Dans le cas de Grand Angoulême et de Grand Cognac la participation à l’un de ces ateliers conditionne l’obtention du premier panier.

 

Les paniers bio : composition et logistique

Les paniers sont :

  • 100 % bio
  • Composés principalement de produits bruts (pas de lait cru, charcuterie ni alcool)
  • Fournis par des producteurs ou groupements de producteurs locaux
  • Distribués sur des points de retrait (AMAP, marchés, lieux partenaires…)

La coordination des producteurs, la composition des paniers, leur logistique et parfois leur gestion administrative sont assurées avec l’appui des structures bio départementales comme la Maison de l’Agriculture Biologique de Charente (MAB 16).

 

Gestion du dispositif : prévoir du temps et des relais

Selon l’ampleur du projet, la gestion du dispositif peut représenter jusqu’à 1,5 ETP entre coordination, communication, suivi administratif et logistique. Plusieurs collectivités ont choisi de déléguer une partie de ces tâches à des associations de producteurs, contre rémunération ou subvention.

Mettre en place une ordonnance verte, c’est plus qu’un simple panier bio : c’est un levier pour agir à la croisée de la santé, de l’agriculture et de la solidarité. Avec une organisation claire et des partenaires engagés, chaque territoire peut construire une version adaptée à ses moyens et à ses enjeux.

Cet article vous est proposé par Julia Barbet, conseillère territoire (16)

 

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