Fédération Régionale d’Agriculture Biologique de Nouvelle-Aquitaine

Qui mobiliser pour lancer une ordonnance verte ? Panorama des acteurs clés

 

Il y a autant de formats du dispositif ordonnances vertes que de collectivités engagées sur le sujet. En effet, les choix liés au dimensionnement du dispositif dépendent des financements débloqués, du contexte territorial et des acteurs et actrices ayant répondu présents lors du montage du projet.

Ainsi, selon leur possibilité d’implication ou l’échelle d’action recherchée, un grand nombre d’acteurs peuvent participer au développement d’ordonnances vertes sur vos territoires. Chacun revêt d’un rôle essentiel et complémentaire. Certains vont plutôt permettre d’accompagner le pilotage du projet, d’autres vont participer aux financements, d’autres à l’élaboration et l’animation des ateliers, d’autres à fournir les paniers bio et locaux, etc.

Élu ou agent de collectivité intéressé par le dispositif, vous cherchez à le mettre en œuvre prochainement. Mais alors, qui mettre autour de la table afin de développer les ordonnances vertes sur votre territoire ?

 

Les acteurs à mobiliser en phase de montage du projet

Afin de bien dimensionner le dispositif en fonction des besoins et des moyens de votre territoire, une instance de pilotage rassemblant les acteurs du milieu de la santé et de l’agriculture semble être indispensable pour répondre aux questions clés du projet.

 

Quel est le nombre de femmes pouvant bénéficier du dispositif ? Quel est leur taux de prise en charge pour la femme enceinte ? Sur quelle durée ? Quelle est la composition des paniers bios ? Quels budgets peuvent y être alloués ? Quelles sont les conditions d’accès au panier ? Quels ateliers sont indispensables ? …

 

Dans vos collectivités, les agents des services environnement, agriculture, alimentation ou santé peuvent s’impliquer sur le sujet, et tout particulièrement les responsables du Contrat Local de Santé (CLS) ou encore du Plan Alimentaire Territorial (PAT), en l’inscrivant dans leur programme d’action.

 

Il est possible d’échanger avec des collectivités qui s’y sont déjà lancées, en se référant aux projets initiés près de chez vous ou encore au groupe-action « Panier  Santé », créé dans le cadre du réseau “Villes-Santé”, composé de 8 villes et EPCI. Des groupes d’échanges sont également ouverts à toute collectivité intéressée par le sujet. 

 

Parmi les professionnels de santé, plusieurs réseaux différents peuvent être moteurs sur la question des ordonnances vertes. Par exemple, les membres de l’association Alerte des Médecins sur Les Pesticides (AMLP) sont experts sur les questions de contamination aux perturbateurs endocriniens et se sont déjà positionnés sur l’accompagnement du dispositif sur de nombreux territoires français, notamment via l’élaboration d’une charte. Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), en plus de leur expertise, peuvent faciliter la coordination des professionnels de santé dans la phase de mise en œuvre du dispositif. Le réseau des médecins et infirmier.e.s ASALEE (Association entre Médecins Généralistes et Infirmières Déléguées à la Santé Publique), peut aussi être sollicité pour communiquer sur les enjeux auprès du public des femmes enceintes et élaborer les ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens*.

 

*En ce qui concerne les ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens que l’on retrouve dans notre alimentation ou dans nos produits du quotidien, l’association Women Engaged for a Common Future (WECF) a élaboré des ateliers dits “Nesting”. Des animateurs sont peut-être déjà formés sur vos territoires !

 

Enfin, parmi les acteurs du monde agricole, les Groupements d’Agriculture Biologiques (GAB) de votre département peuvent jouer un rôle central et structurant. D’une part, ils apportent une expertise territoriale, informent et sensibilisent les acteurs au lien entre l’alimentation bio et la santé. Ils sont également moteurs quant aux enjeux de pollution des zones de captage d’eau potable par les pesticides. Ils peuvent ainsi contribuer à sensibiliser au bio et aux perturbateurs endocriniens, en appui aux ateliers proposés dans le dispositif. D’autre part, les GAB font le lien entre votre collectivité et leur réseau de producteurs bio, et peuvent apporter une expertise quant à la composition et le prix des paniers bio et issus de circuits-courts. Ainsi, ils sont en mesure d’assurer la logistique du projet (de la production à la livraison de paniers), au moins dans sa phase de construction, notamment en s’appuyant sur les points de distribution déjà existants de leur réseau (AMAP, épiceries fermières, magasins de producteurs, etc.).

 

Acteurs pouvant s’impliquer une fois le projet dimensionné

Après la phase de concertation et de montage du projet, plusieurs acteurs peuvent se mobiliser pour répondre aux objectifs opérationnels. En voici une liste non exhaustive, sachant que tout acteur ou association locaux travaillant sur les questions d’environnement, d’agriculture, d’alimentation ou de santé peuvent être en mesure d’accompagner certaines actions.

Parmi les professionnels de santé, les médecins généralistes, pédiatres, gynécologues ou sages-femmes peuvent prescrire les ordonnances aux patientes et communiquer une première fois sur les enjeux sanitaires de l’exposition aux pesticides pour le fœtus. Quand ils sont présents sur le territoire, les services gynéco-obstétrique des CHU ou de Protection Maternelle et Infantile (PMI) peuvent aussi être sollicités pour informer, prescrire ou encore mettre en œuvre les ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens, de même que le réseau d’infirmiers ASALEE.

Pour mettre en place les ateliers cuisine, il est possible de solliciter des cuisiniers de cantines scolaires, traiteurs ou toute structure de formation en restauration. C’est sans oublier les centres socio-culturels, les épiceries sociales ou les jardins d’insertion qui, en intervenant pour ces ateliers culinaires, peuvent toucher les publics les plus précaires.

En ce qui concerne les paniers, les producteurs ou groupements de producteurs peuvent s’organiser pour fournir une fois par semaine des produits bio et locaux, en les livrant sur des points de distribution stratégiques. Dans certains projets d’ordonnances vertes existants, les agriculteurs concernés ont entièrement pris en main la production et la livraison hebdomadaire des denrées (monnayant une petite participation aux coûts logistiques ou encore une adhésion à leur association).

 

Les autres financeurs du dispositif

Enfin, en plus des fonds qui seront débloqués par votre collectivité, plusieurs sources de financements existent pour assurer la prise en charge des paniers ou encore les coûts de fonctionnement des structures accompagnatrices du projet. Ils peuvent provenir :

  • D’autres collectivités locales
  • Du département ou de la région
  • Des fonds européens FEADER
  • De la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) du département
  • De l’Agence Régionale de Santé (ARS)
  • De la Mutuelle Sociale Agricole (MSA)
  • D’assurances et mutuelles
  • De fondations

Ainsi, en vue du nombre d’acteurs différents pouvant s’impliquer dans le financement, le pilotage puis la phase opérationnelle du dispositif ordonnances vertes, il va de soi que chaque collectivité construira un outil différent. Il y a une grande flexibilité dans le développement du projet, mais le fondement reste la mise à disposition de paniers bio et issus de circuits-courts. La concertation et l’implication d’un réseau multi-acteur, puisqu’il s’agit autant d’une problématique sociale, sanitaire et environnementale, est indispensable. Les GAB, associations d’agriculteurs biologiques, peuvent jouer un rôle central pour les ordonnances vertes,car leurs actions sont en interface avec tous ces enjeux.

Cet article vous est proposé par Nathalie Rousseau (40) et Jessica Barbet (79), conseillères territoire

 

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