Les ordonnances vertes : quand le bio s’invite sur prescription
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Présentation du dispositif
L’ordonnance verte est un dispositif mis en place par les collectivités pour favoriser la santé des femmes enceintes et de leur fœtus en limitant leur exposition aux perturbateurs endocriniens. Il comprend :
- La participation à deux ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens
- L’accès à un panier hebdomadaire de produits bio sur une durée variable en fonction des structures à l’initiative du dispositif et avec une prise en charge qui peut varier selon le quotient familial.
Il s’appuie sur l’implication des professionnels de santé (médecins généralistes, médecins gynécologues, sages-femmes, …) qui en sont les prescripteurs.
Les ordonnances vertes peuvent être cofinancées par des mairies, des caisses d’assurance maladie, des communautés de communes, des départements, des régions, etc.
Historique de lancement à Strasbourg
L’ordonnance verte est née à Strasbourg dans le cadre de leur stratégie de lutte contre les perturbateurs endocriniens. La ville se positionne comme l’une des communes les plus dynamiques en la matière (signature de la charte « ville et territoire sans perturbateurs endocriniens » initié par le Réseau Environnement Santé en 2018 et co-pilotage avec la ville de Paris du groupe « perturbateurs endocriniens » du réseau français des Villes-santé de l’OMS).
Alexandre Feltz, médecin généraliste et adjoint à la mairie de Strasbourg en est l’instigateur. « Je me suis appuyé sur les connaissances scientifiques concernant les perturbateurs endocriniens dont on sait aujourd’hui qu’ils sont des accélérateurs dans la survenue de nombreuses maladies et qu’ils provoquent des troubles de la fertilité chez les hommes comme chez les femmes, avec des répercussions potentielles sur plusieurs générations. Les pesticides chimiques utilisés en agriculture, de même que de nombreux additifs présents dans les produits transformés sont réputés être des perturbateurs endocriniens » explique-t-il à la FNAB. La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a vite adhéré au projet car c’était aussi un bon moyen de sensibiliser la population à l’agriculture biologique et aux enjeux des circuits courts.
En 2019-2020, la ville mène une première expérimentation de sensibilisation aux PE auprès de 100 femmes enceintes. En 2020, l’équipe municipale inscrit le dispositif dans ses promesses de campagne. En novembre 2022 le dispositif est lancé, au bout d’1 an, il y a eu plus de 800 bénéficiaires.
Le budget annuel de l’action 2022-2023 pour 800 bénéficiaires est de 345 000 € (270 000€ pour la fourniture des paniers de légumes bio, 45 000€ pour les ateliers de sensibilisation et 30 000€ pour la mobilisation du public).
Les partenaires mobilisés et les moyens mobilisés :
- Pour les ateliers de sensibilisation : un groupement de 4 intervenants (éco-conseillers et diététicienne)
- Production et distribution des paniers : un producteur principal et des chantiers jeunes en insertion et des agents de la collectivité
- 14 lieux de distribution des paniers : CSC, médiathèque, MUS, points de distribution du producteur,…
- Pour la mobilisation du public (avec ciblage sur les quartiers les plus fragiles) : les professionnels de santé, la CPAM, CSC, maison sport santé, direction de territoire
La communication grand public a été assurée via les réseaux sociaux, site internet de la ville, affichage, large couverture presse.
La ville de Strasbourg a identifié plusieurs conditions de réussite :
- Fort portage politique
- Forte implication des partenaires (soignants, CSC CMS, MUS, médiathèque)
- Grande diffusion médiatique (locale, nationale et internationale)
- Couverture de l’ensemble du territoire
Et des freins :
- Ressources humaines pour la gestion administrative
- Accompagnement des publics précaires
- Garde d’enfants lors des ateliers
En vue de pérenniser le dispositif, un budget de 655 000€ a été voté pour 3 ans de 2024 à 2026 et certaines évolutions sont prévues notamment la mobilisation de co-financements, et de nouveaux partenaires, des ateliers en soirée ou le samedi,…
Cet article vous est proposé par Léa Cubaynes, conseillère territoire (17)